AYIZ’STYLE: Le karabela, le tissu traditionnel haïtien
mai 15, 2017
A la veille de la célébration du 214ème anniversaire du drapeau haïtien, nous avons souhaité mettre en lumière ce tissu souvent utilisé pour la confection des tenues traditionnelles et pourtant si méconnu.
Connaissez-vous le « karabela », le tissu traditionnel haïtien ?
Si le madras est considéré comme le tissu par excellence des coiffes et tenues traditionnelles dans la caraïbe, en Haïti nous avons un tissu emblématique qui est le « Karabela ». Ce tissu à la teinte bleu clair est tissé d’un fil indigo et d’un fil blanc qui lui donne cet aspect caractéristique de « jean délavé ». Ce que nous appelons « karabela » n’est, en effet, rien d’autre que le tissu chambray d’origine américaine.
« A l’origine, le chambray était une toile de coton de la famille des batistes,
produits à Cambrai au XVIème siècle dans le nord de la France. » Source Wikipedia
En Haïti, le « karabela » est principalement utilisé pour la confection des costumes traditionnels ou de danses folkloriques. Souvent ornée de broderies ou de dentelles, la robe karabela traditionnelle est composée d’une jupe large et d’un haut à col bateau avec volants. Ce costume traditionnel s’inspire des robes à jupons des femmes affranchies. Les hommes portent des chemises « guayabera » avec des motifs brodés ou peints à la main.
La robe Karabela, un patrimoine à valoriser
La robe Karabela a beaucoup évolué depuis que ce tissu aux « racines ouvrières » a été adopté par les paysans haïtiens vers les années 1940. Si la coupe de la chemise karabela n’a pas beaucoup changé, la robe karabela portée par les paysannes était, en effet, beaucoup plus simple, avec une jupe qui arrive aux genoux. On note déjà un style très travaillé avec l’ajout de biais rouges ou bleus qui seront repris sur les costumes contemporains.
Le tumblr de Artdream recense de magnifiques photos vintage de paysannes et marchandes des années 1940 à 1960.
Marchande à port-au-Prince (1960)
Portée au quotidien, la robe Karabela n’était donc pas un « costume » mais exprimait avant tout un mode de vie. Nous déplorons, néanmoins, l’absence de documentation sur l’histoire de ce tissu en Haïti. En novembre 2016, l’exposition « Les costumes dévotionnels, pour une anthropologie du vêtement en Haïti » au musée du Bureau National d’Ethnologie de Port-au-Prince a été une étape importante pour une vraie réflexion anthropologique sur la « mode » en tant que patrimoine culturel en Haïti.
La mode haïtienne : entre tradition et modernité
La robe « karabela » a souvent été revisitée par les designers au fil des années. En Haïti, les stylistes Phelicia Dell et Maelle David, ont su lui donner une visibilité internationale. La chanteuse Princess Eud a également lancé une collection aux influences afro urbaines qui marie karabela et tissus africains.
A Paris, Kecita Mod’l propose une version moderne adaptée au quotidien. On y retrouve l’inspiration traditionnelle avec les dentelles et la peinture à la main.
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